Edito
EDITO
Les rapports entre la recherche, l’innovation, les marchés, les entreprises, l’État et l’espace public, et plus globalement les relations entre sciences et société, ont connu de profondes mutations. Des chercheurs proposent un « nouveau contrat » entre la science et le reste de la société, tandis que d’autres réflexions appellent à l'émergence d'un tiers secteur scientifique, qui serait producteur de connaissances et d'innovations. Stimulées par cette dynamique, les relations sciences-entreprises sont alors exhortées à se renouveler. Le pari est d’amplifier le transfert, de favoriser les innovations, mais également d’intégrer davantage les entreprises dans les processus de recherche et en amont à travers les brevets, les SATT, les grappes d’entreprises, les technopoles, les pôles de compétitivité, etc. Aujourd’hui, les acteurs politiques rappellent l’intérêt d’une collaboration locale entre institutions et entreprises. Riche de ces différentes réflexions et expériences, le programme de recherche CO-SCIENCES (2012-2015) financé par l’ANR s’est penché sur les relations sciences-entreprises de manière interdisciplinaire et intersectorielle. L’étude des collaborations entre la science et les entreprises pour la production de questions scientifiques dans le domaine environnemental nécessite d’associer des chercheurs des sciences humaines et sociales (ethnologie, histoire des sciences, sociologie, psychologie sociale, économie), des sciences de la nature (écologie, biologie) et des représentants du monde de l’entreprise. Ces rapprochements ne peuvent être uniquement pensés sur le mode du transfert d’une connaissance scientifique vers une application industrielle. Le programme CO-SCIENCES a ainsi étudié les interactions entre les acteurs et les questionnements scientifiques produits dans le cadre de couples entreprise-laboratoire et au sein de réseaux thématiques constitués. Il s’est également emparé de la question des modalités de rapprochement en concevant et expérimentant un espace de débat entre scientifiques et représentants d’entreprises. Dans un contexte social où les rapports entre la recherche, l’innovation, les marchés, les entreprises, l’État et l’espace public, et plus globalement les relations entre sciences et société sont au cœur de nombreuses discussions, il nous paraît nécessaire d’ouvrir un espace de dialogue. Grâce à nos différences (sectorielles ou disciplinaires), nos objectifs sont de réfléchir à la fois sur les modalités de rapprochement sciences et entreprises, mais également sur les résultats envisagés et sur leurs répercussions en terme de construction des savoirs et des innovations. Aujourd’hui, à quelques semaines de la fin du projet, c’est l’heure du bilan, du partage et de l’ouverture. Ces Trois jours nous permettrons de réaliser un point d’étape, de mutualiser les expériences et construire ensemble l’innovation de demain.
Frédérique Chlous Professeur d’ethnologie, MNHN Présidente du comité scientifique |